#23

Je décolle, le sol s'éloigne brutalement et mes pieds se posent sans bruit sur le toit. Je vois mon repas d'hier, l'année dernière, mon premier baiser, mon doudou, ma maman. On voit sa vie défiler en mourant mais personne ne dit que c'est à l'envers.

#22

Le téléporteur termine de réassembler mes atomes puis injecte ma conscience. Comme après chaque transfert, j'ai terriblement envie de popcorn. Je sais que c'est une publiminale, insérée pendant la recomposition, mais ça ne marche pas sur moi, je ne suis pas débile. Je vais prendre un coca plutôt.

#21

Cela fait des siècles que la tour grimpe toujours plus haut. Je fais partie de ceux qui remontent les pierres d'en bas pour construire les niveaux supérieurs. Aujourd'hui, on pleure le compagnon Piotr. Il est tombé dans le vide sous l'étage qu'on était en train de démonter.

#20

Deux semaines à écraser des champignons et mettre des coups de latte à des tortues… Marre de me cogner la tête et de voir des étoiles, ras-le-bol de ces boîtes à questions et que l'autre connasse soit toujours dans un autre château ! Où est la sortie bordel ?

#19

Le peintre apporte les dernières touches à son tableau puis observe son oeuvre. Ses doigts effleurent les reliefs puis sa main s'enfonce dans la toile. Il avance, traverse complètement la toile et cherche sa place au milieu des pigments. Il prend la pose et attend que ça sèche. Autoportrait.

#18

L'écrivain travaille à son bureau. Il crée des monstres d'encre et de papier mais ignore l'horreur, bien réelle, tapie dans l'ombre, qui étend silencieusement un tentacule visqueux vers lui et remonte son dos. De chaque ventouse émerge une dague. Chacune s'enfonce doucement entre deux vertèbres.

#17

Derrière la grosse pierre ? Dans le trou ? Non... Sous la robe du monsieur ? Pas là... Ah, je crois que tu es cachée derrière tata Aline et tata Julie ! Non plus... Je t'ai trouvée Maman ! T'es dans la boîte ! Tu peux sortir maintenant. C'est à mon tour ! Maman ?

#16

Tu fais quoi dans la vie ? Non, pas ton métier. Je te demande ce que tu fais dans la vraie vie, pas au travail. Qu'est-ce que tu fais le soir, les week-ends, qu'est-ce qui te passionne vraiment ? Ah... Et sinon, ton boulot, ça te plait ?

#15

Freelance

Mes lentilles zooment pour moi et recalculent la trajectoire de la balle à travers le smog tandis que j'ajuste ma visée. Je cligne de l'œil pour tirer et ma cible s'écroule sans bruit à huit cent mètres. Nouvel e-mail. Quinze EZ-coins™. Cool, bouffe non synthétique ce soir !


Texte gagnant du concours d'écriture "Fifty Cyberpunk".
Concours d’écriture : fifty cyberpunk, résultats | Cosmo [†] Orbüs

#14

Consciousness Uploader v2.3 : votre conscience va être numérisée et chargée dans le réseau. Conformément à la loi sur l'identité unique, l'originale sera mise en pause. En choisissant de continuer, vous acceptez que les informations obtenues lors de la copie soient utilisées à des fins commerciales.
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Texte écrit pour un concours mais j'en ai soumis un autre finalement.
Concours d'écriture : Fifty cyberpunk | Cosmo [†] Orbüs

#13

Tu la traques depuis des semaines. Ce soir, tu la suis chez elle. Tu sens son parfum derrière elle. L'anticipation t'excite. Elle te voit. Tu saisis sa gorge avant qu'elle ne crie. Tu serres, fort. Sa trachée cède. Tu es déçu. Pas aussi bien que la dernière.

#12

Bienvenue dans ma tête, suivez le guide ! Sautez de neurone en neurone, accrochez vous bien aux synapses. Attention à où vous posez les pieds, c'est assez fragile. Admirez ici la zone mémorielle : sur votre gauche, un doux souvenir d'enfance, sur votre droite un traumatisme, aussi d'enfance, malheureusement.

#11

Il conclut avec un point final et se relut. Son texte était fluide et le style agréable. En se relisant, il se rendit compte qu'il n'était pas dénué de talent et qu'il pourrait sans doute poursuivre une carrière d'écrivain. Il déchira alors sa lettre de suicide.

#10

Lot numéro 17. Issu des fouilles en cours en Europe, un authentique disque de données, estimé contemporain des derniers empereurs de Schengen, fin XXIIe siècle ancien calendrier. Il est de type rayon bleu et contient un documentaire de voyage intitulé « Le Hobbit ». La mise à prix est de 250 crédits.

#9

Les doigts tremblants et les yeux humides, j'allume les bougies de son gâteau. Une, deux et trois. La gorge serrée, je me force à chanter « Joyeux anniversaire ». Comme chaque année c'est moi qui les souffle et fais un vœu. Toujours le même. Celui qu'il revienne parmi nous.

#8

Je viens de récupérer le message, une plaque de métal attachée à la sonde. Pas de texte, seulement des dessins. Plein de lignes que je ne comprends pas encore, un schéma de la sonde et deux aliens. Je crois qu'ils nous invitent, il y a une adresse. Allons-y !


Plaque de Pioneer

#7

Aujourd’hui ma vie a changé. La voiture m'a percuté, ma jambe a été arrachée. Et là j'ai découvert avec horreur les câbles électriques et les vérins sortant de mon genou et qu'à la place du sang, c'était de l'huile qui se répandait sur le sol...

#6

Nos lèvres se cherchent, nos peaux se frôlent, nos langues se trouvent, nos vêtements se défont. Ses mains explorent mon corps, sa bouche découvre mon sexe, je piège sa tête entre mes jambes, je sens sa barbe contre mes cuisses. Il me pénètre, je jouis, et pense à mon ex.

#5

Je l'ai aimée au premier regard. On s'est baladés, je l'ai trouvée parfaite et je l'ai ramenée chez moi. Pendant des années, on a formé un tandem, elle m'a porté, je l'ai poussée.

Mais aujourd’hui, on se sépare, elle est cassée. Adieu chère bicyclette.

#4

C'est la sixième fois qu'on enterre grand père. Chaque fois c'est pareil, on le met en terre et quelques mois plus tard, il rentre à la maison comme si tout allait bien et le cercueil est vide. Presque plus personne ne pleure. On s'habitue à tout.

#3

Stéphane, pressé, optimisa son trajet : à deux mètres cinquante du distributeur, pour être pile en face des portes du tramway, portes qui s'ouvrirent exactement sur le tunnel du métro, puis le troisième wagon, pour être le premier dans l'escalier à Saint-Lazare.

Voie 6, 25 minutes d'attente.

#2

Depuis plusieurs jours l'angoisse montait en moi. Ne risquais-je pas de tous nous condamner à la moindre erreur ? À quelques secondes de la rencontre, je ne pouvais plus reculer. J'ajustai une dernière fois ma cravate et passai le sas.

Ils m'accueillirent : « Ambassadeur de la Terre, bienvenue ! »

#1

J'arrache vos souvenirs, les brise en morceaux et vous enfonce chaque fragment dans l'âme. Je taille vos peurs en pointes, forge vos angoisses en lames aiguisées et sculpte vos terreurs en griffes acérées.

Je noie, je brûle, je viole.

Je déteste mon travail. Je suis faiseur de cauchemars.